Sotchi 2014 : le choix de la modernité

Les contrôles de sécurité pour le spectateur enregistré sont à la fois minutieux et sans problème car à la différence de la plupart des grands aéroports, la quantité impressionnante de portiques de passage fait qu’on n’attend jamais plus de quelques minutes. Et les parcours sont suffisamment bien conçus pour que le visiteur partant de la gare de Sotchi, ne soit fouillé qu’une fois, avant de monter dans le train. L’entrée se fait ensuite sans difficulté en se présentant à l’un des 45 lecteurs optiques du Parc, donnant accès à tous les stades de patinage, hockey, curling… ou tout simplement aux multiples activités prévues pour ceux qui n’ont pas pu acheter de billet pour les compétitions.

Le Parc lui-même est placé sous le signe de l’économie numérique sponsorisée. Coca-Cola et Visa, les deux grands sponsors du CIO se taillent la part du lion. Le premier détient le monopole d’affichage pour toutes les buvettes du Parc  et de l’immense restaurant où se pressent chaque jour des dizaines de milliers de spectateurs. Le second a le monopole des paiements dans le Parc et l’énorme boutique de souvenirs officiels des JO, autour de laquelle s’étend une queue permanente, annonce fièrement « Ici on ne paye qu’avec la carte Visa ». Les visiteurs se pressent autour de la gigantesque flamme olympique au pied de laquelle sont proposés des projections des principales épreuves sur écrans géants et des concerts. Ils font la queue des heures pour rentrer dans la Maison du supporter de Russie qui présente tous les sports du programme. Les Russes sont de grands enfants et se font photographier dans diverses poses avantageuses devant les images de leurs héros, hockeyeurs, médaillés olympiques des précédents Jeux d’hiver. A la sortie, ils reçoivent en cadeau un drapeau russe qu’ils pourront agiter lors des compétitions ! Ils peuvent aussi visiter la Maison du Père Noël, espèce de palais de contes de fées en bois, façon izba géante multicolore, où se produisent des ensembles folkloriques de toutes les régions du pays. Mais le clou du parc est sans doute l’attraction proposée par un des sponsors russes, un des principaux opérateurs téléphoniques, qui a mis en place un système de photographies des spectateurs en 3D, qui reproduit ensuite le visage de chacun, en relief, par un système de bâtons lumineux mobiles sur un écran géant, un peu à la façon de l’écran d’aiguilles de l’animateur russe Aleksander Alekseev, rendu célèbre par la scène initiale du Procès d’Orson Welles.

Cette application du contrôle informatisé est certainement une des conditions pour assurer une sécurité maximale dans cette région troublée, tout comme la mise en place d’un système très sophistiqué, semblable, dit-on, à celui de la NSA, d’écoute de tous les messages internet, SMS et conversations téléphoniques échangés à Sotchi. Pour la première fois sans doute, quelques chercheurs curieux pourront faire des statistiques de la fréquentation d’un tel événement sportif : nombre exact de spectateurs et leur répartition par âge, sexe, nationalité et provenance puisque toutes ces données figurent dans le Passe ! Mais d’un autre côté, des esprits malintentionnés ne manqueront pas de relever que dans le cadre des JO de Sotchi, la nouvelle Russie est entrée un peu plus dans l’ère du contrôle généralisé.

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