Sotchi 2. 15 février. Sotchi est une ville folle

En plus, il n’est vraiment pas facile d’aller se baigner. D’abord parce qu’il faut franchir la voie ferrée qui longe presque partout les plages. Ils ont construit des tas de passerelles, parfois des tunnels. Mais c’est la conception italienne : tout est pratiquement privatisé. Les grands hôtels et sanatoriums ont leurs accès directs et privés et les plages publiques sont rares et bondées, une partie occupée par des concessionnaires qui y louent des chaises longues. Et il faut compter sur la mer qui ronge le littoral en certains endroits. Les tempêtes de la mer Noire sont célèbres depuis la Grèce antique. Elles ont joué un tour aux constructeurs des JO en détruisant la première version du port qu’ils avaient aménagé près du Parc olympique pour les paquebots qui devaient loger certains visiteurs. Il a fallu le refaire entièrement ! Pour protéger les plages de galets, on a construit des centaines de petites digues en béton, sur lesquelles on rajoute parfois des solariums, si bien que les perspectives sont souvent coupées par ces jetées. Et si vous avez la malchance de tomber sur une année à méduses, je vous souhaite bien du plaisir ! Il y a ici une variété de petites méduses urticantes… Mais vous l’avez déjà compris, ce n’est pas ma station estivale préférée.

Ces trois dernières années, la ville a gagné vers la montagne avec la réalisation de trois grands quartiers résidentiels en altitude. On retrouve là la fascination russe pour une architecture occidentale mal digérée qui fait ressembler ces hôtels et résidences à leurs homologues nord-américains. Mais que dire en voyant le futur parc d’attraction en construction à côté du Parc olympique ? C’est une copie conforme d’un palais de la belle au boit dormant façon Disney. Vladimir Poutine a beau vanter la voie russe, ses réalisations sont belles et bien globalisées !

A tout cela s’ajoutent les problèmes de sécurité. Les installations sportives, les villages, le Parc olympique, construit dans la Plaine d’Imérétie en évinçant bon nombre de vieux résidants, sont protégées comme des bases militaires. La ligne de train qui grimpe au cluster de montagne est protégée comme une frontière en pays hostile : barbelés tout le long surmontés de caméras infra-rouges tous les vingt mètres ! Le cluster de montagne est particulièrement surveillé avec une multitude de postes de gardes y compris dans les forêts avoisinantes. On a parlé de camp retranché et la vision des bases où sont logés les personnels de sécurité est impressionnante. Mais de fait, les inconvénients pour les visiteurs sont minimes. Les contrôles sont aussi exigeants que dans un aéroport américain mais remarquablement organisés et s’ils sont parfois multiples (à l’entrée des gares puis à la sortie du train de montagne, et encore parfois à l’entrée de certaines installations), les queues sont minimales et le public les supporte dans la bonne humeur, comprenant que c’est le prix à payer pour le choix de Sotchi.

Car il y a déjà une leçon qu’on peut tirer de cette première semaine : les Jeux sont un énorme succès public. Des dizaines de milliers de visiteurs de tous pays, même si les Russes sont évidement majoritaires, se pressent chaque jour dans le Parc olympique dans une joyeuse cohue. On rencontre des gens de toutes les régions du pays et c’est déjà une réussite symbolique réelle, quels que soient les résultats sportifs de l’équipe russe.

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